jeudi 13 novembre 2014

NOUVEAU !

Concert de Nau à Cerizay, 25 novembre 2012
L’écriture de chants sur la Nativité (qui tiennent plus du chant populaire que du cantique lettré) remonte au moins au XVè siècle. Le plus ancien noël poitevin connu “Au sént Nàu” figure dans un manuscrit de la Bibliothèque de l’Arsenal daté de la fin du XVè siècle. Preuve de son succès populaire, Rabelais le fait chanter à Frère Jean des Entommeures dans le Quart Livre, paru en 1648. À cette date, les noëls poitevins sont depuis longtemps à la mode, et le resteront tout au long du siècle, comme en témoignent les nombreux recueils ou Bibles de Noëls publiés par les imprimeurs parisiens, où ils figurent en bonne place aux côtés de noëls français, écossais ou limousins.
C’est dans la continuité de cette riche tradition que va s’illustrer, au siècle suivant, un Curé originaire de Fontenay-le-Comte (à l’époque capitale du Bas-Poitou), François Gusteau, prieur de Doix. En 1738, il publie un premier recueil de noëls en français et en poitevin, intitulé “Noëls très nouveaux dans tous les stiles pour tous les gouts”, qui sera suivi de deux rééditions augmentées, en 1742 et 1756. Proche des paysans, qui constituent l’essentiel de ses paroissiens, il les met en scène autour de la crèche, en particulier dans les noëls qu’il compose en poitevin, les “Nàus poitevineas”. Si l’utilisation de la langue poitevine lui permet d’instruire les fidèles des mystères de la foi, et ainsi de rendre la religion plus proche des “petites gens”, elle lui permet aussi de donner beaucoup de vie et de familiarité à l’événement que constitue la naissance de Jésus, le situant dans un environnement familier.
C’est pourquoi ces noëls connaîtront un grand succès populaire, et passeront dans la tradition orale.
C’est ainsi que, lors de nos premiers collectages dans les années 1970, nous avons pu recueillir de la bouche d’anciens de la région du Bocage bressuirais, des versions de ces noëls composés par Gusteau, comme d’autres Noëls traditionnels.
Ces noëls constituent les témoignages d’une religion populaire, pleine de poésie, à la fois familière et mystérieuse, tout autant que d’une culture orale particulièrement vivante.
Il faut dire que cette période de Noël, dans la tradition populaire, devait porter à la réjouissance. Entre Noël et l’Épiphanie (“les deux Naus”, disaient les anciens), se multipliaient ainsi les divertissements de jeunesse (les “bachelleries” en poitevin). C’est lors de ces assemblées de jeunes que se transmettaient en particulier les chansons de quête appelées “Guillannus”. Guillannu vient probablement d’une racine celtique signifiant “étrenne”. Ces chants de quête étaient entonnés la plupart du temps le dernier jour de décembre, et permettaient aux jeunes de demander la “guillannu” de porte en porte. D’autres chants de quête étaient parfois chantés le jour de l’Épiphanie, afin de demander “la part à Dieu” ou “la part du pauvre” en chaque maison ou sur la place du village...